La filature Emanuel Lang

La filature Emanuel Lang

Cette semaine, direction le Haut-Rhin, on vous présente l’entreprise Emanuel Lang !

 

 

EMANUEL LANG x MIJUIN

Récemment Le Monde a publié un bel article retraçant l’histoire d’Emanuel Lang, une histoire de salariés passionnés et de combats acharnés. Alors loin de moi l’idée de réaliser un reportage aussi beau et exhaustif, mais je vous raconte ici les premiers pas de Mijuin dans l’univers de la réindustrialisation de notre filière textile. Un regard nouveau, émerveillé et surtout admiratif envers ceux qui défient les lois encore quasi implacables de la mondialisation.


Je contacte Céline, la responsable création d’Emanuel Lang, via LinkedIn. Elle me dit recevoir beaucoup de sollicitations mais prend tout de même le temps de m’envoyer une veste qu’elle a fait réaliser avec leur tissu à partir d’un modèle chiné chez Emmaüs. Mais leur tissu en lin, ce n’est pas n’importe lequel, c’est le premier (depuis 2005 tout de même !) qui peut se targuer d’être entièrement transformé en France depuis le champ !

Je commande à Céline quelques mètres de tissu, dans un premier temps non pas pour réaliser un prototype mais pour aménager le vieux van que nous venons d’adopter avec mon copain : les housses de la banquette/lit seront en lin 100% transformé en France ! Puis je croise Christian le directeur d’Emanuel Lang à une rencontre de l’association Lin et Chanvre Bio, je lui présente fièrement le vieux van, c’est le début de la gloire pour notre vieux T4 qui deviendra vite un emblème des rencontres avec ceux qui font la filière lin.

 

 

UNE BELLE HISTOIRE, UN LONG COMBAT

Clémentine, styliste freelance, dessine la veste Mijuin, inspirée de la veste Emmaüs : on tient notre premier prototype et finalement il nous plait tellement qu’on lui apportera très peu d’ajustements. Fin octobre, Céline accepte de nous recevoir dans l’usine, on quitte notre Normandie le temps de quelques jours, direction l’Alsace ! Comme toute bonne visite on commence par un peu de contexte historique. Dans l’entrée de l’usine, un tableau d’affichage relate les nombreuses couvertures de journaux, il résume le long combat des salariés pour maintenir l’usine en activité.


La dernière actualité (sombre) d’Emanuel Lang est l’incendie qui a emporté plusieurs métiers à tisser le 8 mai 2021. Je me souviens alors que la marque Asphalte avait lancé en quelques jours une cagnotte participative pour récolter des fonds. Rejoint par de nombreuses marques (clientes ou non de l’usine), on 
avait alors assisté à un énorme élan de soutien. La cagnotte a récolté 62 000€, de quoi acheter 2 nouveaux métiers à tisser sur les 15 abimés par l’incendie.


Alors que j’étais encore en pleine réflexion sur le lancement de Mijuin, cette solidarité m’avait tout simplement impressionnée. C’est comme ça que j’imagine les relations entre partenaires : l’élan du collectif au service d’une vision commune. 

 

 

LE RETOUR D’UNE FILATURE DE LIN EN FRANCE

Si l’ensemble des filatures ont délocalisé leur production ces dernières décennies, c’est principalement lié aux coûts de production qui ne permettaient plus au lin transformé localement d’être rentable. «  Nos coûts de production étaient devenus catastrophiques, il fallait soit fermer soit produire moins cher, ailleurs », expliqua M. Mekerke, Président de Safilin en 2005, année où l’entreprise pris la décision de fermer sa dernière unité de production du Nord-Pas-de-Calais. Cette unité était la dernière à produire du fil sur le territoire. Ce départ marqua le début de 15 années sans filature de lin en France.

Début 2020, Pierre Schmitt, directeur du groupe Velcorex-Emanuel Lang, installe une unité de filature dans l’usine.
 « Au début on nous a pris pour des fous » me glisse Céline alors qu’on se faufile au milieu des allées bruyantes et des immenses machines. J’en ai des frissons, je me dis à cet instant que je suis au bon endroit. Emanuel Lang a prouvé que c’était possible, bien que ce ne soit pas sans difficulté, comme le relate très bien cet article de Challenge. Pourtant, ils ont inspiré d’autres projets de relocalisation de filatures, notamment des filatures permettant de réaliser des tissus fins comme ceux de nos chemises ou draps de lit (filature au mouillé). Les Haut-de-France, la Normandie et la Bretagne, verront chacune une filature de lin ouvrir dans leur région en 2022/2023.


Alors oui, les filatures françaises ne transformeront que quelques centaines de tonnes de lin annuellement chacune, elles grappilleront très peu de parts de marché aux chinois et aux indiens, et elles ne pourront répondre à toute la demande européenne. Mais changer notre rapport au monde commence par imaginer de nouveaux récits.

 

 

Merci Céline et Christian et toute l’équipe pour l’accueil, à très vite !

 

 

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